27 November 2019
2ème Édition des Dialogues de Haut Niveau sur l’Inclusion Financière en Guinée & en Afrique (DIA’FIN) – Remarques d’ouverture de Premier Ministre de la République de Guinée, Ibrahima Kassory Fofana
Mercredi, 27 Novembre 2019
2ème Édition des Dialogues de Haut Niveau sur l’Inclusion Financière en Guinée & en Afrique (DIA’FIN)
Conakry, Guinée
C’est pour moi un grand plaisir d’être parmi vous ce matin pour le lancement de la seconde édition de la Table Ronde sur l’inclusion financière organisée par la Banque Centrale de la république de Guinée.
Permettez-moi tout d’abord, au nom du Président de la République, le Professeur Alpha CONDE de souhaiter la cordiale bienvenue aux participants venus de l’étranger qui ont bien voulu honorer de leur présence le présent évènement.
Le thème choisi pour cette table ronde “Inclusion Financière et Entreprenariat des Femmes et des Jeunes” est un thème qui est cher à Monsieur le Président de la République qui a dédié son mandat aux femmes et aux jeunes.
Les chiffres sont peu réjouissants : à l’heure actuelle, environ 2 milliards de personnes dans le monde n’ont pas accès à des services financiers de base. La plupart sont pauvres et une grande proportion, africaine. En Guinée, selon le Global Findex 2017, sur une population adulte estimée à 6,4 millions d’habitants, le taux d’adultes titulaires d’un compte dans une institution financière est passé de 7 pourcent en 2014 à 23,5 pourcent en 2017, soit à environ 1,5 million d’adultes. Cette progression est surtout liée à l’utilisation accrue de la monnaie électronique. Toutefois, il reste encore des marges de progrès importantes en comparaison, par exemple avec d’autres pays de la région qui affichent des taux d’accès aux services financiers avoisinant les 50%.
Pour réduire l’extrême pauvreté, il est essentiel de mettre en place des politiques qui peuvent maintenir ou relancer la croissance, et l’inclusion financière doit faire partie de cet effort. Des études ont montré que l’inclusion est propice à la croissance. Donc, pour une fois, il est possible d’avoir à la fois une croissance plus élevée et une inclusion plus élevée. Les avantages de l’inclusion financière et d’une croissance inclusive, c’est-à-dire dont les fruits sont partagés, sont clairement établis. L’accès aux services financiers ouvre des portes aux familles, en leur permettant de lisser leur consommation et d’investir dans leur avenir grâce à l’éducation et à la santé. L’accès au crédit permet aux entreprises de se développer, en créant des emplois et en réduisant les inégalités. L’inclusion financière jette un pont entre les opportunités économiques et les résultats. Il convient donc de considérer l’inclusion financière comme étant étroitement liée au processus de développement du secteur financier. Si l’inclusion signifie un accès aux services financiers, ces services doivent être plus proches de la population, en offrant collecte des dépôts, traitement des paiements, micro financement, prêts hypothécaires, produits d’assurance — en d’autres termes, tous les produits et services qui alimentent l’investissement, créent des emplois et stimulent la croissance.
Au-delà des banques centrales qui ont certes un rôle prépondérant à jouer, les pouvoirs publics doivent prendre des mesures qui favorisent et encouragent à la fois le développement du secteur financier et l’inclusion financière. C’est dans ce cadre que la République de Guinée à engager certaines actions avec l’aide de ses partenaires, visant à créer une dynamique de croissance inclusive. On peut citer entre autres la mise en place de l’Agence Nationale d’Inclusion Economique et Sociale (ANIES) et de l’Agence Nationale de Financement des Collectivités (ANAFIC). Ces deux (2) initiatives permettent un transfert de ressources vers les populations vulnérables et à impulser une dynamique de développement par la base tout en stimulant l’emploi. D’autres initiatives spécifiques telles que les Mutuelles des Femmes Africaines (MUFFA), soutenues par Monsieur le Président de la République, permettent de réduire l’asymétrie d’accès au financement en faveur des femmes. Aussi, avec la politique du contenu local instauré dans les contrats miniers, l’entreprenariat jeune est encouragé et l’emploi local favorisé.
Afin de briser les barrières liées à l’identification des personnes, le projet WURI qui est en cours de déploiement avec la Banque Mondiale est une réponse qui permettra sans nul doute de réduire cette contrainte.
Ce sont là quelques initiatives qui permettront à coup sûr de stimuler l’emploi, notamment celui des femmes et des jeunes dans notre pays.
Bien entendu, l’inclusion financière ne concerne pas seulement l’État. Bien d’autres acteurs sont requis, en particulier le secteur privé, mais aussi la société civile. Les défis à ce niveau sont cependant énormes. En effet, le manque de coordination entre les secteurs public et privé augmente la fracture entre les zones urbaines et rurales et entre les hommes et les femmes. Pour que notre pays profite des fruits de la croissance, il est nécessaire que toutes les parties prenantes, y compris les entreprises, les législateurs et les régulateurs travaillent ensemble vers un objectif commun de réduction de la fracture d’accès aux services financiers.
Je vous invite donc, à l’issue de ces travaux, à cerner les défis et les obstacles spécifiques qui freinent la mise en œuvre de stratégies d’inclusion financière et d’emplois des femmes et des jeunes en formulant des recommandations pour améliorer la situation. Ces recommandations auront pour objectifs de fournir des conseils spécifiques aux fournisseurs de services, aux organismes de réglementation et autres principaux intervenants.
Je vous remercie de votre attention.
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