5 November 2019
Opening speech by Governor Tiémoko Meyliet Koné of Banque Centrale des Etats de L’afrique de L’ouest (BCEAO)
Messieurs les Gouverneurs des banques centrales,
Monsieur le Président du Conseil Régional de l’Epargne Publique et des Marchés Financiers,
Messieurs les Vice-Gouverneurs de la BCEAO,
Madame le Directeur Régional pour l’Afrique Centrale et de l’Ouest de la Banque Mondiale,
Monsieur le Directeur Exécutif Adjoint de l’Alliance pour l’Inclusion Financière,
Messieurs les Représentants des Ministères des Finances de l’UMOA, des institutions internationales et régionales de régulation et de supervision, ainsi que des associations professionnelles des banques, établissements financiers et systèmes financiers décentralisés de l’UMOA,
Chers collaborateurs,
Distingués Invités,
Mesdames et Messieurs,
J’ai l’immense plaisir de vous souhaiter la cordiale bienvenue au Siège de la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest, à l’occasion de la conférence internationale sur les entreprises de technologie financière communément appelées FinTech, que nous organisons avec la Banque Mondiale.
Je voudrais saluer la présence notable de mes collègues Gouverneurs de banques centrales africaines, particulièrement celles des Etats de l’Afrique Centrale, de la Gambie, de la Mauritanie et de la Sierra Leone.
Messieurs les Gouverneurs, sachez que je suis très sensible à ce cette marque de considération et d’amitié.
Vous témoignez ainsi de l’intérêt majeur que vous accordez à la problématique du développement des Fintech et à leur impact sur le financement de nos économies et sur la stabilité financière. En effet, ce sujet appelle une coopération régionale soutenue, notamment des échanges d’expériences utiles.
Soyez remerciés pour votre présence fort appréciée.
Je vous prie de vous joindre à moi pour les ovationner…
Je me réjouis également de la participation à nos assises du Président du Conseil Régional de l’Epargne Publique et des Marchés Financiers de l’UEMOA, de la Directrice Régionale pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre de la Banque Mondiale, et du Directeur Exécutif Adjoint de l’Alliance pour l’Inclusion Financière. Madame et Messieurs, nous sommes heureux de vous avoir avec nous pour contribuer aux débats que nous espérons fructueux.
Honorables invités, Mesdames et Messieurs,
La rencontre d’aujourd’hui vient à point nommé car elle nous permet de prendre la mesure de la transformation historique que vit le secteur financier depuis quelques années avec l’avènement des FinTech.
Innovations financières fondées sur la technologie, les FinTech se manifestent par des modèles d’affaires, des applications, des processus, des services ou des produits nouveaux, ayant un impact important sur les marchés financiers, les institutions financières et la fourniture des services financiers.
Certes, la technologie et la finance sont toujours allées de pair, mais l’ampleur de l’impact disruptif des FinTech sur le système financier a surpris les régulateurs et les acteurs de la finance classique dans le monde.
Les FinTech menacent d’obsolescence de nombreux métiers. Elles modifient profondément les pratiques des acteurs et ouvrent la porte à de nouveaux modes de fourniture et de consommation des services financiers. Ces nouveautés sont alignées sur les aspirations des populations, qui aspirent à des services financiers plus simples, plus efficaces, plus adaptés, plus accessibles et moins coûteux.
Au cours des dernières années, l’industrie des FinTech a montré sa capacité à répondre efficacement à ces besoins, à travers l’utilisation de nouvelles technologies, notamment le Big Data, l’intelligence artificielle, la Blockchain ou la biométrie.
Cette mutation, qui pourrait bouleverser l’équilibre du système financier, est également porteuse de risques pour la stabilité financière, notamment en matière de cyber-sécurité, de blanchiment de capitaux et d’exercice illégal d’activités réglementées. Elle induit des enjeux importants, relatifs à la protection des consommateurs et de leurs données personnelles, mais aussi à ce qui concerne le droit à la concurrence.
Bref, c’est une révolution qui, si elle est maîtrisée, pourrait offrir une formidable opportunité de développement à nos pays.
Mesdames et Messieurs,
Le contexte africain, caractérisé par une population jeune et ouverte aux nouvelles technologies, notamment la téléphonie mobile, est particulièrement propice au développement des FinTech.
Nos pays représentent un terreau fertile pour le développement de cette industrie, ce qui pourrait contribuer à une croissance économique plus dynamique.
En tant que régulateurs, nous avons le devoir de veiller à ce que nos politiques et nos actions exploitent de façon optimale le potentiel des technologies financières, tout en préservant la confiance en la stabilité de notre système financier.
Au niveau de l’Union, nous l’avons fait avec succès pour l’émission de monnaie électronique, qui est l’une des premières formes de FinTech apparue dans notre Zone.
Nous sommes convaincus que ces performances ont été obtenues grâce, entre autres, à l’approche réglementaire proportionnée adoptée par la BCEAO.
Au niveau de l’UMOA, l’activité d’émission de monnaie électronique a connu une croissance soutenue. Le nombre de comptes de monnaie électronique est ressorti à 62,9 millions à fin 2018 contre 25 millions en 2015, soit une hausse moyenne annuelle de 38%. En valeur, le montant total des transactions via la téléphonie mobile a été estimé à 23.534 milliards de francs CFA contre 7.415 milliards en 2015.
Les actions de la BCEAO, qui a adhéré à l’AFI en 2011, ont permis de faire passer le taux d’utilisation des services financiers dans l’Union, donc le taux d’inclusion financière, de 26% en 2010 à 57,1% en 2018, avec une contribution de services financiers numériques dépassant le tiers. L’objectif est d’atteindre, sur un horizon de 5 ans, un taux d’inclusion financière de 75%.
Mesdames et Messieurs,
Les initiatives de type FinTech observées à ce jour dans l’UEMOA concernent principalement les segments des services de paiement et de financement.
Le nombre d’institutions autorisées à émettre de la monnaie électronique a fortement augmenté pour s’élever à 38.
De plus, des partenariats entre des entreprises de téléphonie et de technologie et des institutions de crédit ont été noués afin de développer une offre de crédit digital dans l’Union. Cette offre s’appuie sur des activités de notation ou credit scoring, qui devront également être encadrées, car les promoteurs de ces sociétés pourraient être appelés à concurrencer les Bureaux d’Information sur le Crédit.
Par ailleurs, de nombreuses initiatives en matière de monnaie virtuelle privée, bien qu’au stade d’annonces, ont été recensées. Une attention particulière devrait être accordée à ces initiatives, compte tenu du risque de levées de fonds frauduleuses ou de création de fausses plate-formes d’échanges.
S’agissant des services de financement, des initiatives de financement participatif ou crowdfunding ont été recensées dans l’Union depuis quelques années. Face à ce constat, la Banque Centrale a entamé des travaux en vue de l’élaboration d’un cadre réglementaire spécifique pour encadrer le financement participatif.
Il convient également de signaler l’agrément en 2019 de la première banque digitale de l’Union, 100% mobile, qui met à la disposition de ces clients des services de paiement, d’épargne ainsi que de crédits à la consommation et immobilier.
Messieurs les Gouverneurs, Chers collègues
Fort des différentes expériences réussies dans nos pays respectifs, les banques centrales doivent aujourd’hui relever les défis posés par les FinTech. Il nous revient ainsi d’adopter des stratégies et un cadre qui favorisent l’innovation financière et une concurrence saine entre les acteurs de l’écosystème. Enfin ils doivent aussi apporter des réponses claires à la protection des consommateurs et à la stabilité financière.
Le renforcement de l’éducation financière, la formation des régulateurs aux nouvelles technologies, ainsi qu’une collaboration étroite entre nos pays, au plan régional, feront partie des éléments indispensables à notre succès.
Chers collègues, Distingués invités,
Selon notre analyse, la bonne gestion du changement porté par les FinTech requiert de s’assurer que les nouveaux risques liés à la protection des données et à la distorsion de la concurrence soient maîtrisés.
Nous avons entrepris des actions d’envergure pour faire face à ces défis, notamment à travers le projet de plate-forme pour l’interopérabilité des services financiers numériques qui, dans un premier temps, permettra aux établissements de monnaie électronique et, à terme, aux FinTech de se connecter au même système de paiement que les établissements de crédit classiques.
Mesdames et Messieurs,
La présente conférence à laquelle participent plus de 150 personnes se veut un cadre d’échanges fécond pour mieux appréhender les enjeux, défis et perspectives que représente l’émergence des Fintech pour les pays en développement.
Ainsi, les thématiques qui seront abordées concernent d’abord l’application de la technologie blockchain au secteur financier. Ensuite, l’évolution du crédit digital, puis les monnaies virtuelles et les monnaies digitales émises par les banques centrales. Enfin, les différentes approches de régulation et de supervision des FinTech seront examinées.
Je souhaite que nos échanges apportent des solutions opérationnelles et pratiques à ces différentes thématiques qui seront abordées pendant nos deux jours de discussion.
Au regard de la qualité de l’audience, je suis persuadé que nos travaux aboutiront à des conclusions dont la mise en œuvre devrait hisser nos pays au rang des juridictions qui tirent le meilleur profit des FinTech.
Honorables invités, Mesdames Messieurs,
Je voudrais conclure mon propos en adressant à nouveau mes sincères remerciements à la Banque Mondiale qui a accepté de nous accompagner dans l’organisation de cette rencontre qui constitue, à mes yeux, une étape importante pour l’encadrement et la promotion des FinTech en Afrique.
Je vous remercie pour votre participation active à cette conférence et je voudrais vous dire ma confiance en notre capacité à tous, à relever en toute responsabilité, les défis induits par l’industrie des FinTech afin de consolider le développement économique de nos pays ainsi que la stabilité et l’inclusion financières.
Mesdames et Messieurs,
Je souhaite plein succès à nos travaux et déclare ouverte la conférence internationale sur le thème « FinTech : défis, opportunités et perspectives pour les pays en développement ».
Je vous remercie de votre aimable attention.
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